Il est déjà solidement ancré sur Instagram, Twitch, TikTok ou encore YouTube, tant et si bien que le prestigieux Washington Post lui a consacré un article fleuve au printemps 2022.
Voici une définition de l’algospeak, étoffée de quelques exemples de ce nouveau langage numérique.
Un mot-valise basé sur les règles algorithmiques et le langage
Internet ‘algospeak’ is changing our language in real time, prophétise en avril 2022 le journal de la capitale américaine. Et en effet, il semble bien que cet algospeak, mot-valise formé sur les termes « algorithme » (en référence à l’ensemble des règles opératoires qui vont privilégier ou, à l’inverse, censurer tels ou tels contenus sur les réseaux sociaux) et « speak » (pour le langage ou l’écriture), modifie en temps réel la façon dont nous nous exprimons sur le web.
Comprendre ce qu’est l’algospeak
Ce constat posé, qu’est-ce que l’algospeak ? Pour faire simple, il s’agit d’une pratique qui consiste, à l’écrit sur internet, à remplacer, ajouter ou supprimer des caractères, des mots ou encore des expressions pour contourner les règles imposées par les algorithmes des réseaux sociaux.
La journaliste Taylor Lorenz, autrice de l’article du Washington Post, parle d’un Aesopian language – une référence à Ésope, l’écrivain grec à qui l’on attribue la paternité de la fable, et entré dans la postérité pour ses ingéniosités linguistiques.
Quelques exemples de l’algospeak
Concrètement, comment se manifeste l’algospeak ? Pour France Culture, Quentin Lafay fournit quelques exemples. En « algoparlant » :
- le mot « viol » devient « vi0l » (la lettre O se transforme en chiffre zéro)
- le mot « dépression » devient « dépre$$ion » (la double consonne devient deux signes dollar)
- l’expression « travailleur·ses du sexe » devient « les comptables »
Quels enjeux pour l’algospeak ?
L’enjeu est simple : pouvoir parler librement de contraintes sexuelles, de prostitution, d’états pathologiques divers, et de mille autres sujets mis sous silence par les grands leaders du réseautage social.
L’algospeak est, en somme, un nouveau volet dans l’histoire du grand détournement orchestré par les internautes contre l’internet. L’émoji d’aubergine 🍆 pour parler du zizi risque d’en prendre un coup de vieux.
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